Un nouveau jour se levait. Le ciel était d'un bleu si pur et si clair qu'il fallait plisser les yeux pour le regarder. Pour ce qui était de Maître Wog, ses yeux étaient toujours plissés, alors cela ne faisait aucune différence pour lui. Maître Wog était un vieil homme d'au moins cent ans. Son dos était courbé, ses jambes toutes minces et tremblantes, sa canne sous la main, ses cheveux longs et blancs, ses vêtements ressemblants vaguement à ceux d'un moine bouddhiste. Ce vieillard était un hermite. Il vivait dans une grotte qu'il avait décoré humblement et modestement. Il se levait à tous les jours à sept heures et se couchait à tous les soirs à 9 heures. Il était un homme difficile à avoir l'attention. Il était toujours émerveillé par les beautés de la nature. Il parlait aux oiseaux et aux champignons, mais détestait tout dialogue avec les humains. L'homme était grincheux avec ceux qu'ils n'aimaient pas, mais doux comme une fillette avec les éléments de la nature qu'il observait. Il avait l'activité habituelle d'aller cueillir les fleurs le matin, de cueillir des légumes pour la soupe du midi et d'aller s'asseoir au sommet d'un arbre pour discuter avec les créatures du ciel (les oiseaux.). Mais comment cet homme pouvait-il être un maître d'une forme de combat?

Certes, c'était sans sa connaissance que son nom fut affiché dans la liste des maîtres de Game Over. Lui, qui n'est qu'une simple création du Maître, ne comprend toujours pas pourquoi des jeunes gens veulent venir apprendre son art. Il a toujours refusé, sauf à un jeune qui s'est mis à parler aux oiseaux, lui aussi. Il lui avait alors appris à voler, et le jeune, si déçu, était parti sans remerciements. Maître Wog glissa ses pieds dans ses sandales et sortit de sa demeure. Il prit une grande inspiration et un sourire se dessina sur ses lèvres sèches. Une autre belle journée! Il se dirigea d'un pas très lent vers le champ de fleurs. Il s'assit sur une roche et soupira d'aise.

« N'est-ce pas une journée magnifique, mes belles? Vous savez, mes trésors, j'ai le présentiment que quelque chose d'inhabituel va se produire, aujourd'hui. C'est comme si le vent me soufflait des secrets, » dit-il aux fleurs avec joie. Il continua à discuter avec elles, tout en cueillant les plus vieilles et les plus laides du champ. « Ne vous désolez pas, mes chéries. Vous serez encore plus belles dans ma maison. »

Il transporta ses fleurs en les humant. Il connaissait le chemin par coeur, il n'avait pas besoin de regarder où il allait. C'est alors qu'il fonça dans un obstacle imprévu, quelque chose qui sentait un air de jeunesse. Sous le choc, Maître Wog échappa sa récolte. Il les fixa par terre, avec une expression triste. Décidément, cette personne qui venait d'arriver sans préavis ne serait pas une personne qu'il aimerait. Le vieil homme sortit sa voix de grincheux et dit froidement :

« Que voulez-vous? Que faites-vous? Pourquoi me déranger dans mon travail ? »

Après s'être endormi en larmes, Alexandra se réveilla en sursaut. Elle inspecta rapidement ses alentours. Elle se trouvait sur paillasse dans une grange. Une "gentille petite famille" l'avait chaleureusement accueillie. On était dans le Far West. La jeune femme soupira. Et dire qu'elle avait cru quelques secondes que l'histoire de Game Over n'était qu'un mauvais rêve. Tout de même, sa résolution de la veille la coupa brusquement de sa lignée de pensée négative. Elle s'était promis de ressortir de ce jeu pour pouvoir retourner chez elle une fois pour toute. Et une fois sortie, elle dénoncera l'injustice qu'avait causée le Maître du jeu.

Alexandra se frotta les yeux, se passa rapidement les mains dans ses cheveux volumineux et se leva. Elle ne s'était pas encore habituée à l'odeur de bouse de vache. C'était impressionnant comment tout semblait si réel. En commençant le jeu, Alexandra avait le droit d'une carte avec plusieurs informations et un sac vide. Sur la carte était inscrit plusieurs points un peu partout sur le monde de Game Over. Toutes ces indications rouges étaient des lieux où se trouvaient des maîtres pour des formes de combat. Le plus proche se trouvait dans une forêt dense. Maître Wog, était-il inscrit. C'était donc sa destination.

La jeune femme entra dans la cuisine de la petite demeure et y découvrit la vieille femme qui l'avait accueillit. Elle faisait un plat qui sentait très bon. Alexandra s'éclaircit la gorge et lui dit timidement :

- Merci de m'avoir accueillie dans votre maison. Je dois maintenant repartir. Merci beaucoup pour ce chaleureux accueil...
- Ne partez pas tout de suite! s'écria la bonne femme en écarquillant un cheveux gris qui venait de lui sortir de son chignon. Restez au moins pour le petit déjeuner!
- Non, je ne voudrais pas vous déranger encore plus..., balbutia Alexandra avec gêne.
- J'ai préparé ce repas spécialement pour notre invité spécial! continua la femme avec une moue.
- Alors, si vous insistez. Je ne voudrais pas vous faire gaspiller autant de nourriture, céda la jeune femme en entendant son ventre gargouiller.

Après un si bon repas, Alexandra aurait bien voulu rester. Son hôte ne cessait de parler de son fils qui était parti s’enrôler dans l'armée. Elle était si fière de lui. Son mari, lui, était au champ et ne reviendrait que ce soir. Ce fut un départ remplie d'émotions pour la britannique. Ce n'était qu'une fois sur la route qu'elle se rendit compte qu'elle s'était attachée à des personnages inventés par le Maître du Jeu. Pour la troisième fois depuis son arrivée dans ce jeu vidéo, Alexandra laissa des larmes couler sur ses joues. Elle détestait vraiment le Maître pour avoir créer des personnages si gentils et si chaleureux.

En entrant dans la forêt, la jeune joueuse se rendit compte qu'il y avait vite un changement d'atmosphère. L'air était humide et frais, on pouvait entendre des oiseaux et des moustiques. Autant pouvait-il avoir ce sentiment de béatitude, autant pouvait-on sentir qu'un danger nous guettait. Alexandra se mit à craindre pour sa vie. Elle n'avait aucune expérience de combat, ni de spécialisation. Elle pourrait mourir facilement! L'image du joueur s'étant fait tranché la gorge lui revint à l'esprit. Elle eut des frissons et un sentiment de malaise dans son estomac, comme si une pierre lourde s'y trouvait.

La marche fut longue, tellement qu'elle crut être perdue. Pourtant, elle avait toute la journée devant elle. C'était encore le matin, un magnifique soleil la guidait et aucun signe de danger pour l'instant. C'est alors qu'elle vit une grotte aménagée de façon à y former une habitation. Elle se trouvait au bon endroit! Alexandra chercha du regard le Maître Wog en question, mais ne le trouva nulle part. Elle s'aventura dans la grotte en demandant si il y avait quelque, mais sans fins. Elle recula pour essayer de voir au-dessus de la grotte lorsqu'elle fonça dans quelque chose qui maugréa.

C'était un vieil homme de petite taille qui venait d'échapper des fleurs. Maître Wog?

- Que voulez-vous? Que faites-vous? Pourquoi me déranger dans mon travail ?
- Oh! Je suis vraiment désolée! Je ne vous avais pas vu! s'excusa Alexandra en se penchant pour ramasser les fleurs qui étaient toutes vieilles ou laides. Je suis à la recherche du Maître Wog. Serait-ce... vous?

Elle lui tendit les fleurs avec un doux sourire. Ses yeux étaient encore rougis par ses larmes et sa peau commençait à devenir rose à cause du soleil. Même dans ce jeu, ses défauts physiques se présentaient! Alexandra ne savait pas quoi attendre de la part du maître. Il la dévisageait d'un oeil inquisiteur et rempli de préjugés. Il ne semblait en aucun cas vouloir lui montrer quoi que ce soit. Il semblait fragile et trop humble pour pouvoir avoir le titre de maître de formes de combat. À vrai dire, Alexandra ne comprenait pas cette partie. Elle avait entendu dire que chaque personne pouvait avoir sa propre forme de combat, mais comment? Fallait-elle qu'elle trouve un maître spécifique pour le type de combat qu'elle voulait? Mais pour être honnête, elle n'avait aucune demande. Elle voulait simplement devenir plus forte pour un jour contrer le Maître du Jeu. Elle espéra honnêtement que ce vieil homme sera à la hauteur pour la rendre plus forte.

« Oh! Je suis vraiment désolée! Je ne vous avais pas vu! »s'excusa la jeune fille qui était dans son chemin en se penchant pour ramasser les fleurs qui étaient toutes vieilles ou laides.« Je suis à la recherche du Maître Wog. Serait-ce... vous? »

Le vieil homme grogna sous le nom de maître. Encore un autre qui voulait abuser de lui! La jeune joueuse lui tendit les fleurs avec un doux sourire, ce qui amadoua Maître Wog un peu. Il jeta un deuxième regard sur elle et y découvrit une femme timide et douce. Au moins, ce n'était pas ces arrogants de pense-bons! Le Maître agrippa ses fleurs délicatement, les inspecta en soupirant.

« Je ne veux rien savoir de vous! Laissez-moi donc tranquille! Vous m'énervez avec vos demandes! Pourquoi devenir plus fort lorsqu'on a déjà tout ce qu'il nous faut? »

Sur ce, le vieil homme tourna les talons et se dirigea avec sa vitesse habituelle de tortue vers sa grotte. Il voulait la paix, bon sang! Quand est-ce qu'on allait respecter un vieil homme comme lui? Il entra dans sa demeure et déposa les vieilles fleurs dans un pot. Sa table à manger était remplie de vases pleins ou non. C'est alors qu'un oiseau entra dans la grotte en chantant. Maître Wog se mit à siffler avec l'oiseau. Il était rendu dans un autre monde complètement. Il avait oublié la présence de la jeune femme, même sa rencontre. Soudain, il eut une quinte de toux et s'assit sur une vieille chaise de bois qui craquait autant que ses os. L'oiseau était reparti. Le maître en était très attristé. Il lança un regard autour de la grotte, souhaitant pour la énième fois qu'elle serait plus jolie et plus accueillante pour les animaux. Les parois étaient grises, les meubles en bois non vernis, les couvertures sans couleurs. Il avait beau mettre des fleurs et des fleurs, rien n'y changeait. certes, il avait tendance à choisir des vieilles fleurs afin qu'elles se sentent mieux dans cet environnement désolant que parmi des centaines de beautés.

Maître Wog revint sur Terre en sursaut. Il prit un panier de paille et sortit de sa grotte. Il allait cueillir des champignons pour sa soupe et des bleuets pour son dessert. En fredonnant une chanson, il se dirigea vers le sentier qu'il avait créé lui-même et qui menait vers des buissons qui porteront le fruit qu'il cherchait. Pendant un instant, il observa le ciel et sourit. Que c'était une belle journée aujourd'hui! Que s'était-il passé, déjà? Il lui semblait que quelque chose l'avait dérangé, quelques instants plus tôt.

« Bah! Sûrement rien d'important! » se dit-il en reprenant sa marche.

- Je ne veux rien savoir de vous! Laissez-moi donc tranquille! Vous m'énervez avec vos demandes! Pourquoi devenir plus fort lorsqu'on a déjà tout ce qu'il nous faut?

Pourquoi devenir plus forte? Alexandra avait la réponse à cette question. Oui, elle voulait se venger contre cette injustice qui lui avait été imposée, à elle et tous les autres joueurs. Elle voulait devenir plus forte pour pouvoir réussir à éliminer le Maître du Jeu. Elle voulait gagner Game Over et avertir le reste de la population du crime qu'à commis son créateur. Mais pouvait-elle expliquer tout cela à Maître Wog? Comprendrait-il si il n'a même pas conscience qu'il a été créé par le Maître du Jeu?

Le vieillard continua comme si elle n'était plus là. L'avait-il complètement oubliée ou l'ignorait-il? Il alla dans sa grotte, y déposa les fleurs, sortit avec un panier et prit un autre chemin. Pendant ce temps, Alex l'analysa. Il parlait aux oiseaux, contemplait sa demeure avec une envie de... elle ne savait pas trop. Regrettait-il de vivre dans un coin perdu? Ou peut-être était-ce parce qu'il était hermite qu'il n'aimait pas les humains et ne voulait rien savoir d'elle? Alexandra pensa peut-être qu'en lui offrant un service, il voudrait peut-être accepter de l'entraîner. Mais que pouvait-elle faire? Maître Wog chantonnait en marchant et prouva qu'il avait oublié son existence en disant ;

- Bah! Sûrement rien d'important!
- Attentez, Maître Wog! Vous ne pouvez-pas partir ainsi!

Elle le rattrapa sans difficultés. Elle portait une expression qui semblait vouloir le supplier à l'aider.

- J'ai besoin de vous! J'ai une raison spéciale pour laquelle je veux devenir plus forte. S'il-vous-plaît, entraînez-moi!

Elle soupira en relâchant le bras qu'elle avait apposé sur le vieillard. Elle fit une moue en réfléchissant. Peut-être n'allait-il pas céder, mais elle devait être insistante.

- Que puis-je faire pour que vous acceptiez? Voulez-vous que je vous aide dans votre cueillette, que je vous trouve d'autres jolies fleurs... Ou voulez-vous que.... Ah! Je sais! Voulez-vous que je vous fasse une peinture pour votre grotte, elle sera plus jolie ainsi. Enfin, elle est déjà très jolie, mais une peinture de fleurs, de nature, d'oiseaux... N'aimeriez-vous pas ça?

Alexandra se croisa les doigts. Elle espérait que son plan fonctionne. Si le maître était un contemplatif comme elle, il devait bien aimer regarder des oeuvres d'art. Peut-être que ce petit cadeau fera en sorte qu'il l'aimerait plus et qu'il accepterait sa demande. D'ailleurs, lorsqu'elle y pensait, le coût d'une spécialisation n'était-elle pas de....? Elle ne s'en souvenait plus. Peut-être ne voulait-il que de l'argent, au fond? Ou les deux?

Une main se déposa sur son bras. Maître Wog cria de surprise. Mais qu'est-ce...? C'est alors qu'il vit la jeune femme de tout à l'heure. Ah, il l'avait oubliée, celle-là! Mais que voulait-elle encore? Elle ne voulait pas qu'il parte, mais pourquoi donc?

« J'ai besoin de vous! J'ai une raison spéciale pour laquelle je veux devenir plus forte. S'il-vous-plaît, entraînez-moi! » supplia-t-elle au plus grand agacement du vieil homme.

Il ne voulait entraîner personne, bon! Quand est-ce que l'on allait le respecter et enlever son nom de la liste des maîtres? Maître Wog voulait vivre une vie tranquille où il pourrait faire la même chose à tous les jours. Ces imprévus de jeunes le dérangeaient trop pour qu'il puisse être gentil avec eux. Mais cette petite était très insistante, peut-être plus que les autres. Au moins, il n'avait pas l'impression qu'elle le regardait de haut.

« Que puis-je faire pour que vous acceptiez? Voulez-vous que je vous aide dans votre cueillette, que je vous trouve d'autres jolies fleurs... Ou voulez-vous que.... Ah! Je sais! Voulez-vous que je vous fasse une peinture pour votre grotte, elle sera plus jolie ainsi. Enfin, elle est déjà très jolie, mais une peinture de fleurs, de nature, d'oiseaux... N'aimeriez-vous pas ça? »

La jeune femme savait peinturer? Soudain, la proposition enchantait le vieil homme. C'était vrai qu'il voulait qu'elle soit plus jolie, afin que les fleurs s'y sentent mieux et que les oiseaux viennent faire des visites plus souvent. Il avait réfléchi, mais ne savait pas quoi faire. Sa demeure était remplie de fleurs, que pouvait-il faire de plus? Mais certes, si il pouvait avoir des fleurs peinturées sur les parois de la grotte... ce serait magnifique! Le sourire radiant et les yeux brillants démontrèrent rapidement son point de vue face à cette proposition. Il déposa son panier et se dirigea dans sa grotte. Il en sortit de la peinture et des pinceaux.

« Excellente idée! Parfait! Je veux des fleurs partout, avec des abeilles qui les butinent, ainsi que des papillons! Peut-être quelques oiseaux aussi, ce serait bien. Et... Et... » Emporté dans son élan, Maître Wog devait sûrement avoir oublié la condition de cette demande. « Je pars faire ma cueillette. Serait-ce fini à mon retour? »

Sans attendre la réponse il se dirigea vers son panier et reprit sa marche en gambadant et en chantant. Il était encore plus heureux. Il pensait bien qu'aujourd'hui était une très belle journée, n'est-ce pas?

- Excellente idée! Parfait! Je veux des fleurs partout, avec des abeilles qui les butinent, ainsi que des papillons! Peut-être quelques oiseaux aussi, ce serait bien. Et... Et... Je pars faire ma cueillette. Serait-ce fini à mon retour?

Maître Wog semblait si enchanté par le service que proposait Alex qu'il était vite allé chercher des pinceaux et de l’acrylique qui traînaient mystérieusement dans sa grotte. Mais il voulait qu'elle termine en quoi, un ou deux heures? Peut-être trois avec la vitesse lente qu'avait le vieil homme. Aurait-elle le temps? Et si ce n'était pas si joli, mais bien tout croche car elle se serait dépêchée, annulerait-il le contrat? Alexandra se mit à paniquer intérieurement. Elle prit une grande inspiration. Elle sera capable de relever le défi. La peinture était sa force, alors pourquoi serait-elle désavantagée?

Maître Wog partit faire sa cueillette sans qu'elle puisse répondre à la négative à sa question. Immédiatement, Alexandra se mit au travail. Les pinceaux étaient vieux et durs, la peinture n'était même pas somptueuse. Depuis combien de temps ces matériaux étaient dans cette grotte?

Sans réfléchir, Alexandra trempa son gros pinceau dans une couleur rose pâle et traça ce qui serait le début d'un pétale de rose. En peinturant, la jeune femme se sentie apaisée. Enfin, elle pouvait cesser de réfléchir, de stresser et surtout, de vouloir pleurer à n'importe quel moment. Son désarroi et sa peur se transférèrent sur les parois de la grotte. Sans en prendre conscience, le paysage qu'elle dessinait était autant triste que joyeux. On aurait dit des fleurs qui défiaient leur beauté naturelle, mais que tous autour (les oiseaux, insectes, animaux...) les trouvaient encore plus jolies ainsi.

Puisque tout était en plus gros, Alexandra réussit à couvrir au moins un mètre de longueur de la grotte. Mais il n'y avait aucun détail, aucun jeu de lumière. Elle s'y attaqua immédiatement, ses yeux enfin habitués à la noirceur de la grotte. Son travail acharné passa le temps rapidement. Elle n'avait plus la notion du temps. Au contraire, elle était dans un autre monde, celui où Game Over n'existait plus.

C'est alors que le bruit d'une canne la sortie de sa concentration. Voilà que Maître Wog arrivait... Alexandra jeta un coup d'oeil à son oeuvre et eut une grimace. Ce n'était pas aussi joli qu'elle se l'imaginait. Au contraire, il y avait quelque chose de trop simple ou de trop... Le style ne lui ressemblait pas nécessairement. Enfin, c'était ses émotions qui étaient peintes sur le mur, pas les émotions du maître... Qu'allait-il dire? Accepterait-il toujours de l'entraîner?

Avec un soupir, Alexandra abaissa son pinceau, se recula et regarda le maître avec timidité, attendant avec patience ce que serait son verdict.


[Prends tout ton temps pour répondre, car je pars! ^^ Désolée d'avoir écrit rapidement!]

Maître Wog gambadait en revenant de sa cueillette. Il avait des champignons rouges, verts, mauves et oranges et même bleus! Il avait même découvert que certaines petites créatures, minuscules, habitaient dans des champignons! Maître Wog avait été ébahi et leur demanda qui ils étaient. Ils lui répondirent qu'ils se nommaient les Schtroumpfs. C'était une nouvelle découverte extraordinaire! Mais il ne pouvait en parler à personne, car le Grand Schtroumpf le lui a fait promettre de garder leur existence un secret. Tout de même, peut-être n'avait-il pas à s'inquiéter, le vieil homme avait tendance à perdre la mémoire. Par contre, il se souvenait très bien qu'une jeune fille travaillait pour mettre sa grotte plus belle. Alors, en retournant sur son chemin habituel, Maître Wog était très content et ne s'attendait pas à ce que la petite puisse ne pas réussir son oeuvre. En arrivant dans sa demeure, il frappa sa canne sur un meuble. Cette canne n'était que peu utile pour lui, mais il aimait bien la transporter un peu partout, au cas où il aurait une faiblesse où il serait en danger. Il l'avait depuis si longtemps qu'il ne se souvenait même plus du temps où il n'était plus en sa présence. La petite recula et regarda timidement le maître, attendant son avis. Mais Maître Wog ne la regardait pas du tout. Une émotion bouillante lui enlevait la voix. Il s'approcha de la paroi de la grotte et sourit avec toutes ses dents jaunies. Enfin, il en manquait quelques unes.

« Splendid! Extraordinaire! Merveilleux! » s'écria-t-il en sautant sur place. « Votre production n'est pas nécessairement joli, mais il y a tout ce que je veux! Elle s'agence parfaitement avec le reste et les vieilles fleurs en seront ravies. De plus j'aime l'énergie qu'elle dégage : pureté, simplicité et apaisement. »

Le vieil homme parlait plus à lui-même qu'à la joueuse. Il balbutiait et murmurait des choses un peu incompréhensibles, mais il était évident qu'il était fou de joie. Il n'osait pas toucher la peinture fraîche, mais il s'aventura dangereusement proche de la pierre. Ensuite, il demanda l'avis aux fleurs dans des pots et sortit de la grotte pour appeler les oiseaux.

« Il faut que je répande la rumeur que ma grotte est plus jolie et plus accueillante! » dit-il en s'éloignant de sa demeure.

II commença par le champ de fleurs où il leur chanta une chanson qui exprimait ses émotions et sa joie. Ensuite, il grimpa avec difficulté le début d'un arbre pour parler à un nid. Après, il attrapa des papillons pour leur souffler un bisou. Et par la suite... Et un moment suivant... Maître Wog avait-il oublié la créatrice de son contentement? Oui. Le pauvre homme ne pouvait penser à plusieurs évènements, personnes ou émotions en même temps. C'est pourquoi, après sa tournée pour répandre la rumeur, lorsqu'il revint dans sa grotte, il eut comme une crise cardiaque en voyant une inconnue dans sa maison.

« Que voulez-vous? Que faites-vous? Pourquoi me déranger dans mon travail ? » demanda-t-il en grognant. De nouveau, il était perdu.

- Splendid! Extraordinaire! Merveilleux! s'écria le maître en sautant sur place. Votre production n'est pas nécessairement joli, mais il y a tout ce que je veux! Elle s'agence parfaitement avec le reste et les vieilles fleurs en seront ravies. De plus j'aime l'énergie qu'elle dégage : pureté, simplicité et apaisement.

* Vraiment? * pensa avec surprise Alexandra en regardant avec des yeux brillants le Maître Wog. Elle ne s'attendait pas à une aussi grosse réaction. Voilà que le vieil homme parlait dans sa barbes. La jeune femme s'approcha de lui avec un sourire, réellement heureuse de lui avoir fait plaisir.

- Il faut que je répande la rumeur que ma grotte est plus jolie et plus accueillante! annonça soudainement le maître en sortant de sa maison.

Alexandra le suivit à l'extérieur, mais n'osa pas continuer en voyant qu'il était dans un autre monde déjà. Cela semblait vraiment une coutume pour le vieil homme. Alors, elle attendit patiemment, jetant des regards furtifs à son ''oeuvre''. Pour elle, c'était vraiment une création d'amateur. On aurait pas pu dire qu'elle étudiait en arts, ça non! Pourtant, avait-elle cerné exactement ce que Maître Wog voulait sans qu'elle ne s'en rende compte? Si oui, tant mieux. Ainsi, il allait réellement lui montrer une spécialisation afin qu'elle devienne plus forte!

Soudain, elle entendit des pas. En se retournant, affichant toujours son sourire charmant, Alexandra vit que quelque chose n'allait pas. Les paroles du vieil homme confirmèrent ses soupçons.

- Que voulez-vous? Que faites-vous? Pourquoi me déranger dans mon travail ?
- Pardon?

La joueuse avait l'impression d'avoir déjà entendu ces mots sortirent de la bouche du vieillard. N'était-ce pas la première chose qu'il lui avait dite? Répétait-il le même manège? Alexandra se souvint qu'en fin de compte, le maître n'était qu'une création du Maître du Jeu. Soudain, la colère qu'elle portait pour celui-ci lui permis de rassembler son courage et devenir plus ferme. Son sourire poli avait disparu et une flamme de détermination animait ses yeux.

- Maître Wog, je suis Alexandra White, celle qui vient de vous faire plaisir, qui vous a rendu service en embellissant votre maison. Alors, comme vous me l'avez promis, vous devez maintenant me montrer une forme de combat!

Les mains sur les hanches, Alexandra voulait montrer au vieil homme comment sérieuse elle était. Elle n'avait pas fait tout le chemin jusqu'au milieu de la forêt pour devoir partir ailleurs trouver un autre maître. Ce n'était pas sa faute si Wog était un ermite. Si son nom était sur la liste des maîtres, c'est qu'il devait bien y avoir une raison. Peut-être était-ce le plus difficile à atteindre avec son attitude lunatique, mais on avait déjà réussi. Alexandra sera une de ces personnes-là. Sa fermeté prouvait ce dernier point.

- Vous êtes un homme qui tient ses promesses, n'est-ce pas?

Les paroles, l'attitude, le regard, l'expression, tout ce qui était nouveau chez Alexandra White changea Maître Wog. Peu à peu, tel un clou que l'on enfonce à force de coups de marteau, l'esprit du vieil homme devint plus clair. Ses yeux commencèrent à mieux focusser, ses sourcils prirent une forme de concentration, ses lèvres étaient plaquées en une seule ligne. On aurait dit qu'il avait plus de rides, de plus longs cheveux et un dos plus courbé. Soudain, la canne devint utile. Le maître semblait devenir plus vieux et, d'après son regard, plus sage aussi. Ceci n'était qu'à l'extérieur. À l'intérieur, un changement beaucoup plus gros avait lieu. Le rappel de la jeune fille ramena le vieil homme dans ses souvenirs récents. Il se souvint tout à coup de sa promesse. Ensuite, il se remémora l'arrivé des autres joueurs et son refus constant. Ce n'était pas fini. Le maître se vit jadis lui-même apprenti et, encore plus avant, soldat dans l'armée romaine. Il avait eu honte de tous les morts causés par ses mains. Il s'étaient enfui et avait retrouvé un ermite asiatique qui lui montra comment devenir fort. « Ton destin n'est pas d'user de cette force que je t'enseigne, mais de la montrer à d'autres jeunes comme toi, ceux que tu trouveras dignes de mon savoir. Test leur bonté et patience pour connaître ce qu'il y a réellement dans leur coeur, » avait-il dit avec gravité. Depuis la mort de son maître, Maître Wog avait oublié son destin. Il haïssait les hommes, leur brutalité, leur soif de sang et leur cruauté. Pourtant. une seule personne, un seul jeune homme, lui avait fait prendre conscience de cette phase d'oubli et d'ignorance dans laquelle il s'était mis pour se protéger des autres. C'était le seul, jusqu'à aujourd'hui.

Alexandra White avait la même posture et le même regard que l'autre jeune homme. Ce supplice, cet appel à l'aide persistant et sa détermination à apprendre pétillaient dans se yeux bleus. Elle l'avait aidé, et maintenant c'était à son tour de le faire. Il était un homme de parole. Il avait promis à son maître de suivre son destin. Il avait devant lui une personne de confiance qui avait bon coeur.

« Mademoiselle White, vous avez raison. Je vous dois remettre mon savoir sur certaines formes de combat. VOus devez par contre acceptez certaines conditions. »

Maître Wog s'assit sur une roche. Il mit ses deux mains sur sa canne et ferma les yeux. Il se souvenait des conditions que lui avaient imposées son propre maître.

« Premièrement, je devrais faire une analyse de votre âme, donc de votre histoire et votre coeur, afin de bien comprendre comment est mon apprenti, ses forces et faiblesses. Deuxièmement, vous devez consentir à suivre un entraînement d'une durée non déterminée sans vous plaindre. Troisièmement et dernièrement, vous n'aurez que trois choix pour votre spécialisation. Je vous imposerez ces choix suite à mon analyse. Acceptez-vous? »

Alexandra regarda avec surprise Maître Wog devenir plus sérieux. Pour la première fois, elle avait l'impression d'être sur la même longueur d'onde que le vieil homme qui sembla devenir encore plus vieux, mais à la fois plus sage aussi. Avait-elle réussi à le convaincre de prendre sa demande au sérieux?

- Mademoiselle White, vous avez raison. Je vous dois remettre mon savoir sur certaines formes de combat. VOus devez par contre acceptez certaines conditions.

Le coeur de la jeune femme fit un bond. Elle pourra enfin apprendre à devenir plus forte! Ses yeux bleus pétillèrent d'ambition. Alex était prête à accepter n'importe quelle condition. Le maître s'assit sur un rocher et commença à énumérer ses trois conditions.

- Premièrement, je devrais faire une analyse de votre âme, donc de votre histoire et votre coeur, afin de bien comprendre comment est mon apprenti, ses forces et faiblesses. Deuxièmement, vous devez consentir à suivre un entraînement d'une durée non déterminée sans vous plaindre. Troisièmement et dernièrement, vous n'aurez que trois choix pour votre spécialisation. Je vous imposerez ces choix suite à mon analyse. Acceptez-vous?

Analyser son... âme? Connaître son histoire? Aller au plus profond d'elle-même? Ses peurs, ses forces, ses rêves, ses faiblesses... Tout sera mis à découvert? Alexandra frissonna. Les paroles du vieil homme l'avait fait blanchir au fur et à mesure qu'il continuait à énumérer les nécessités pour apprendre une de ses formes de combat. Sur le coup, la première condition ne plaisait pas du tout à la joueuse. Elle voulait hocher négativement la tête et dire qu'elle refusait. Par contre, la suite lui plaisait beaucoup mieux et lui rappela qu'elle devait faire des sacrifices pour devenir plus forte. Et laisser son histoire à découvert à un étranger en était un. De toute façon, ce n'était qu'une créature crée par le Maître du Jeu.

* Cela voudrait dire que le Maître lui-même connaîtra mes forces et faiblesses... * pensa Alexandra avec crainte. Et elle secoua la tête pour chasser ses mauvaises idées. Elle prit une grande inspiration et sourit de nouveau.

- Je suis prête à accepter toutes ces conditions. Alors, quand commençons-nous... l'analyse?

Alexandra espéra que ce ne serait pas maintenant. Pourtant, ça ne serait que logique. Elle prit pour la deuxième fois une grande inspiration et planta son regard dans celui de Maître Wog. Elle était prête.

Le vieux maître hocha la tête et se leva. La jeune fille avait accepté, c'est tout ce qui comptait. Il plongea son regard sage dans celui innocent d'Alexandra.

« C'est maintenant que nous commençons, » dit-il calmement.

Maître Wog apposa ses mains sur la tête de la joueuse et ferma les yeux. Cela lui prit quelques minutes pour avoir la concentration nécessaire à l'analyse qu'il s'apprêtait à faire.

« Vide ton esprit. »

Et voilà! Le maître avait accès à l'âme d'Alexandra. Il commença par ressentir une vive frustration qui était la source de sa volonté à devenir plus forte. Ensuite, le vieil homme vit que la jeune fille avait changé d'environnement, étant loin de sa famille, ses amis et son pays. Il découvrit un amour pour l'art. Dans sa vie, la jeune fille avait toujours réussi à se réfugier dans son art lorsque les moments étaient difficiles. En quelques sortes, c'était sa force. Maître Wog vit les visages qui étaient chers à sa nouvelle apprentie. Il ressentit aussi la tristesse, cette blessure qui l'habitait depuis longtemps, causée par la mort de ses parents.

Le maître retira ses mains et ouvrit les yeux. Cette analyse avait porté fruit. Elle lui avait permis de bien cibler Alexandra.

« J'ai appris beaucoup de choses. Tu es une personne de bon coeur et avec beaucoup de forces. Tu as du courage, puisque malgré la peur, tu veux devenir plus forte pour battre ton ennemi. Tu penses aux autres, puisque ce n'est par motif égoïste que tu veux gagner contre celui-ci, mais bien pour le bien de tous. Tu n'abaisses pas les bras. Même si tu as perdu tes deux parents, tu ne t'es pas coupée de toute la joie que peux t'apporter la vie. De plus, tu es créative. Ton esprit artistique se fait très bien ressentir. Une chance que c'est le cas, car je crois que l'art t'a aidé plus d'une fois. »

Le maître prit une pause. Il était évident qu'il était épuisé. En reprenant conscience, il avait de la difficulté à être joyeux et à apprécier tout de la vie. Il semblait un peu déprimé et son sourire était plus rare. Il ne pouvait pas tout avoir en même temps, mais il préférait de loin son état d'inconscience.

« Par contre, tu as aussi des faiblesses auxquelles je dois te mettre en garde. La colère peut t'aveugler facilement, chère Alexandra. Je crains que si tu y succombes, tu pourrais perdre la pureté de ton coeur. Bientôt, tu seras plus forte que tu ne l'as jamais été. Une crise de colère pourrait avoir des conséquences pire que dans le passé. Aussi, je te dirais de ne pas faire confiance trop vite aux autres avec tes émotions. Certains en useraient pour le mal. »

En jetant un coup d'oeil à la position du soleil, le vieil homme sut que c'était l'heure du dîner. Il avait terminé de dire ce qu'il avait à dire sur l'analyse. Pour ce qui était de son apprentie, c'était à elle d'en prendre et d'en laisser. Il se dirigea lentement vers sa grotte.

« Commençons aujourd'hui par s'installer. Demain, avant le lever du soleil, je te ferai faire quelques exercices. Viens, nous allons t'installer une paillasse et nous ferons à manger avec ce que j'ai cueilli aujourd'hui. »

Le maître eut un sourire nostalgique. Déjà, le matin semblait si loin. Il lança un regard à la petite. Au moins, il savait qu'il faisait une bonne action. Non seulement lui faisait-il plaisir, mais il enseignera son art à une bonne personne. Demain. Demain l'entraînement commencera. Cela allait passer très vite, oui très vite. Et ensuite, il pourra enfin revenir dans son état d'inconscience.

Honnêtement, Alexandra ne se sentait pas du tout prête lorsque son maître lui dit que c'était le commencement de l'analyse. Elle avait peur, en quelques sortes. De donner ainsi les informations de son ''âme'' ne l'enchantait guère. Mais elle devait s'y soumettre afin d'accomplir ce qu'elle était venue faire ici.

- Vide ton esprit.

Plus facile à dire qu'à faire. Tout de même, Alexandra fit un effort. Elle se concentra sur sa respiration. Son souffle se coupa lorsqu'elle eut l'impression que des mains inconnues s'emparèrent de son esprit. Elle vit, en même temps que le maître, son histoire, ses émotions, ses forces et ses faiblesses. Soudain, la jeune femme eut l'impression qu'elle ne se connaissait pas aussi bien qu'elle le croyait.

Maître Wog retira ses mains posées sur sa tête et ouvrit les yeux. Alexandra eut soudainement peur d'avoir échoué un certain test.

- J'ai appris beaucoup de choses. Tu es une personne de bon coeur et avec beaucoup de forces. Tu as du courage, puisque malgré la peur, tu veux devenir plus forte pour battre ton ennemi. Tu penses aux autres, puisque ce n'est par motif égoïste que tu veux gagner contre celui-ci, mais bien pour le bien de tous. Tu n'abaisses pas les bras. Même si tu as perdu tes deux parents, tu ne t'es pas coupée de toute la joie que peux t'apporter la vie. De plus, tu es créative. Ton esprit artistique se fait très bien ressentir. Une chance que c'est le cas, car je crois que l'art t'a aidé plus d'une fois.

Alexandra rougit. C'était rare qu'on la complimentait ainsi. C'était aussi vrai ce que le maître avait dit sur sa passion pour l'art. Finalement, elle devrait bien s'habituer à ce qu'on son maître la connaisse mieux qu'elle ne se connaît elle-même, comme si elle avait été son apprentie depuis déjà des années.

- Par contre, tu as aussi des faiblesses auxquelles je dois te mettre en garde. La colère peut t'aveugler facilement, chère Alexandra. Je crains que si tu y succombes, tu pourrais perdre la pureté de ton coeur. Bientôt, tu seras plus forte que tu ne l'as jamais été. Une crise de colère pourrait avoir des conséquences pire que dans le passé. Aussi, je te dirais de ne pas faire confiance trop vite aux autres avec tes émotions. Certains en useraient pour le mal.

Ce commentaire se fit ressentir comme une flèche dans le coeur. C'était vrai qu'elle avait des problèmes avec ses crises de colère, c'était vrai qu'elle devrait se contenir plus dans le futur... Mais elle avait besoin de sortir cette colère d'une certaine façon. Et ne pas faire confiance trop vite aux autres avec ses émotions? Voulait-il parler de ses larmes qu'elle ne cache point ou de ses colères? Avant qu'elle ne puisse terminer sa réflexion, le maître se dirigea lentement vers sa maison nouvellement décorée.

- Commençons aujourd'hui par s'installer. Demain, avant le lever du soleil, je te ferai faire quelques exercices. Viens, nous allons t'installer une paillasse et nous ferons à manger avec ce que j'ai cueilli aujourd'hui, lui dit-il.

La jeune femme le suivit à l'intérieur. Malheureusement, le maître n'avait ni d'oreille, ni de couverture d'extra. Elle se contenterait alors seulement d'une paillasse. Mais cela n'importait peu, puisque elle sera sûrement si fatiguée de ses exercices qu'elle s'endormirait très rapidement. Pour l'instant, elle n'avait que très faim. Elle aida le vieillard à cuisiner. Elle apprit une recette totalement inconnue avec si peu d'ingrédients. Comique, pensa-t-elle, que le Maître du Jeu inventerait des recettes!

Finalement, c'était tout le contraire de ce qu'elle croyait. Le repas avait un goût détestable. C'était comme manger du plastique à une saveur de champignon et d'huile. Par contre, en regardant son maître manger humblement son assiette avec un certain calme et plénitude, Alexandra se la boucla et avala tout l'assiette. Sa faim avait pris le dessus sur son dégoût.

Par la suite, elle aida à faire la vaisselle, alluma des chandelles et prépara son lit. Elle détestait ne pas avoir de biens personnels : son cellulaire, son sac, son cahier à dessin, sa brosse à dent! Elle devra dormir dans le même habit qu'elle avait porté aujourd'hui. Alexandra se rendit alors compte qu'elle allait habiter chez un étranger pendant peut-être une semaine sans avoir accès à une quelconque civilisation! Mais peut-être cela faisait-il aussi parti de l'entraînement?

- Quels genres d'exercices ferons-nous demain? demanda-t-elle pour couper le silence pesant qui se faisait sentir depuis le début de la soirée. Il ferait bientôt nuit et elle souhait discuter un peu avant de se coucher dans l'uni-pièce de la grotte.

Le matin se levait de bonne heure. Il faisait un peu frais et un bon vent se levait. Alexandra et Maître Wog étaient déjà debout. Ils avaient pris un déjeuner rapide et se trouvait maintenant à l'extérieur de la grotte, prêts pour le commencement de l'entraînement. Maître Wog n'avait pas répondu à la question de son apprentie. Elle n'allait connaître les exercices qu'en ce moment même. Elle était assise sur un rocher plat et large, les jambes croisées et les yeux fermés. Le maître attendit quelques instants avant de poursuivre ses explications.

« Le premier exercice est essentiel pour apprendre n'importe quel enseignement. Je veux que tu fasses de la méditation. Vide ton esprit, concentres-toi sur ta respiration. Tu dois rester assise là pendant un heure sans bouger, sans ouvrir les yeux et sans penser. Par la suite, tu seras capable de savoir comment te concentrer rapidement, chose qui est extrêmement essentielle dans un champ de bataille. »

Maître Wog laissa donc Alexandra seule pendant une heure. Il en profita pour aller chasser un poulet. Il fut triste de tuer un être vivant en paix et ne méritant pas cette mort, mais son apprentie aura besoin de ses forces et seule la viande peut procurer cela. Le vieil homme retourna vers sa protégée avec un sourire. Elle était en méditation profonde, comme il l'avait exigé.

« Parfait, tu as réussi, » lui dit-il, créant sûrement une surprise chez la petite. « Va te prendre un peu d'eau, nous allons passer au deuxième exercice. En fait, non, viens t'asseoir auprès de moi. »

Le maître laissa le temps à Alexandra d'aller boire un peu d'eau et de reprendre ses esprits. Pendant ce temps, il plumait le poulet avec agilité. Il était assis dans sa grotte. Le soleil éclairé maintenant complètement sa maison ainsi que la peinture maintenant sèche qu'Alexandra avait fait la veuille. Le vieil homme ne pouvait s'empêcher de sourire en la voyant. Cela rendait sa maison si belle... Encore une fois, ses moments d'inconscience lui manquaient atrocement. Une fois qu'Alexandra fut assise devant lui, Maître Wog reprit la parole d'une voix professionnelle.

« Maintenant, Alexandra, il va falloir savoir qu'elle sera ta spécialisation avant de passer au prochain exercice. Comment as-tu trouver le premier? Je suis certain que tu as réussi à vider complètement ton esprit. Fais cela à tous les jours, cela te permettra de garder toute ta concentration lorsque tu le désireras. Bon, je te propose trois formes de combat qui te seront aussi pratique les unes que les autres. Comme tu l'aurais remarqué en arrivant, je suis très près de la nature et je tend vers ces éléments naturels. Par contre, je cherche aussi transformer ses passions en armes pratiques. Je sais que tu vas user de tes pouvoirs pour le bien, alors je n'ai aucune crainte. Je ne te propose que trois choix. Si tu n'es pas satisfaite, retourne chez toi et va te morfondre sans force. »

Maître Wog prit une pause. Peut-être était-ce un peu insolent de parler aussi radical que cela, mais il voulait mettre les choses aux clairs. On ne pouvait pas revenir en arrière après sa décision.

« Tu as le choix de pouvoir dessiner ce que tu voudras et ton dessin deviendra réel et sera sous ta commande. Par exemple, tu dessines une fleur, elle grandit dans l'herbe et tu peux la contrôler à ta guise, changer son apparence, la faire grandir ou même courir. Tout dépend de ton imagination. Le deuxième choix se rattache aussi à ton amour pour l'art, une force chez toi (voilà pourquoi les formes de combat y ont un lien). Celui-ci sera de tremper tes doigts dans de l'encre de chine et les goutes que tu feras seront des armes. Un trait brûlera, un X tuera, un symbole paralysera, etc. Mais principalement, lancer l'encre fera beaucoup de mal. Il faudra que je te montre en premier comment créer cette encre que tu devras toujours avoir à ta disposition. Le dernier choix est celui que je propose tout le temps, c'est ma spécialité. Cela consiste à ralentir le temps, voire des visions du futur et connaître le passé des autres personnes. Autant cela n'est pas agressif, autant cela peut être une arme vigoureuse. Tu pourras jouer avec des sentiments, dévoiler des secrets, faire des coups lorsque le temps mis à pause, etc. »

Le vieil homme prépara du thé et but une gorgée de ce liquide chaud et calmant. Il fixa Alexandra de son regard sage et lui sourit gravement. Il était lui-même curieux du processus de décision qui se passait dans l'esprit de la jeune fille.

« Alors, quel sera ton choix? »

Se faire réveillé de si bonne heure ne plaisait pas à Alexandra. Elle préférait dormir au moins jusqu'au levé du soleil. Par contre, malgré sa fatigue, elle savait qu'une seule plainte ne sera pas appréciée. N'avait-elle pas consentit à ne pas se plaindre une seule fois? De plus, commencer plus tôt voulait dire terminer plus tôt. Alors, sans même poser de questions, Alexandra se laissa guider par les enseignement de Maître Wog. Il avait une telle patience avec elle que c'était en quelques sortes admirable et cela l'encourageait à persévérer. Elle avait besoin de cette motivation dès le début. Le premier exercice semblait simple aux yeux de son maître, mais pour Alexandra, cela lui était tout à fait difficile.

- Le premier exercice est essentiel pour apprendre n'importe quel enseignement. Je veux que tu fasses de la méditation. Vide ton esprit, concentres-toi sur ta respiration. Tu dois rester assise là pendant un heure sans bouger, sans ouvrir les yeux et sans penser. Par la suite, tu seras capable de savoir comment te concentrer rapidement, chose qui est extrêmement essentielle dans un champ de bataille.

Alexandra n'avait jamais fait de la méditation, encore moins pendant une heure! Dès qu'elle essayait de se vider l'esprit, elle se mettait souvent à penser à des tableaux qu'elle pourrait peindre, quelles couleurs elle utiliserait, quel jeux de lumières fera son affaire. Par contre, se mettre à l'idée de penser à de telles choses lors d'une bataille n'était pas plaisant. C'était vrai qu'elle ne connaissait rien aux combats. Si Maître Wog disait qu'il était important de pouvoir facilement se concentrer, cela voulait dire qu'il avait raison.

Alors, la joueuse se ferma les yeux et essaya de se concentrer. Au début, cet exercice semblait interminable. Il fallait toujours qu'elle remette son esprit à l'ordre, d'oublier le monde extérieur, ses soucis et son inspiration. Enfin, elle réussit à ne plus avoir besoin de se concentrer sur sa respiration. Soudain, elle était bien, comme si elle dormait paisiblement, mais ne l'était pas en même temps. Elle était calme. Elle ressentait le vent jouer dans ses cheveux, l'odeur des fleurs, le bruit d'un oiseau, le soleil crépitant sur sa peau...

- Parfait, tu as réussi.

La voix de son maître la réveilla de son impasse avec un saut. Elle regarda autour d'elle. Cela faisait-il déjà une heure? Elle n'avait pas vu le temps passer aussi vite. Attends... Venait-il dire qu'elle avait réussi?

- Va te prendre un peu d'eau, nous allons passer au deuxième exercice. En fait, non, viens t'asseoir auprès de moi.

Alexandra lui sourit. Premier exercice et déjà une réussite! Mais pourquoi Maître Wog voulait-il lui parler et non pas passer au deuxième exercice? La réponse fut simple. C'était l'heure de son choix.

Ces choix étaient particuliers. La joueuse était venue voir Maître Wog sans songer à quelle forme de combat sera le sien. Elle voulait simplement devenir plus forte, peu importe la façon. Par contre, dès qu'elle reçut les différentes directions possibles, Alexandra devint subitement passionnée. Les choix l'enchantaient. Son maître pensait à elle en les offrant et cela lui fut plaisir.

Il fallait choisir. C'était beaucoup plus compliqué qu'elle le croyait. Tout l'intéressait, mais voilà qu'une seule forme de combat sera sienne. Alexandra décida d'y aller par élimination. La spécialité de son maître était intéressant et original. Cette technique lui donnerait une force redoutable. Par contre, elle n'était pas certaine de vouloir jouer avec les sentiments de ses adversaires. Ce n'était pas son style. Qu'arriverait-il si elle prenait pitié de l'histoire de son ennemi? Alors elle ne choisirait pas cette forme de combat. Il n'en restait que deux. Les deux étaient reliés à son amour pour l'art. C'était incroyable de penser que ses dessins deviendraient réalité. Elle pourrait créer des monstres, des armes, n'importe quoi en prenant seulement une feuille et un crayon. D'un autre côté, elle-même ne serait pas forte physiquement et si jamais elle avait un blanc d'inspiration, ce serait sa fin. C'était trop risqué. Le deuxième choix sera alors celui qu'elle retiendra. C'était intriguant. Une encre magique et dangereuse. Seulement en lancer, un filet d'encre de chine et cela tranchera. N'était-ce pas génial? Certes, elle devra toujours transporter avec elle cet encre, mais c'était si puissant que cela valait le risque de ne pas se trouver armée. Enfin, c'était comme un chevalier sans son épée, quoi!

- Alors, quel sera ton choix?
- Je choisis le deuxième. Je voudrais apprendre comment former cet encre spéciale et comment pouvoir l'utiliser pour devenir quelqu'un de plus fort.

Sur ce, Alexandra attendit le reste des explications pour passer au deuxième exercice.

« Je choisis le deuxième. Je voudrais apprendre comment former cet encre spéciale et comment pouvoir l'utiliser pour devenir quelqu'un de plus fort. »

Maître Wog hocha la tête en silence. Il se leva et sortit quelques objets dans un petit coffre situé au-dessus de son lit. Il souffla la poussière qui s'était accumulée sur ce qui était deux formes rectangulaires. L'une était noire et l'autre grise avec quelques petits traits en or. Maître Wog s'assit de nouveau près de son apprentie et lui montra ce qu'il lui apportait.

« Voici le bâton d'encre. Il fait parti des quatre trésors du lettré avec le pinceau et le papier riz. L'autre, c'est la pierre à encre, le quatrième trésor. Le bâton d'encre est noir et la pierre grise. Ces deux objets te permettront de faire de l'encre. Par contre, ils ne te permettront pas de faire l'encre magique que tu veux utiliser. Pour cela, il faut de la magie extérieure. »

De nouveau, le maître se leva et retourna fouiner dans son coffre. Il en sortit une plume en or très belle et majestueuse. Il revint s'asseoir et prit le bâton et y inscrit quelques symboles chinois avec la plume. Sans même avec besoin d'encre, la plume écrivit en or. Ensuite, le vieil homme prit la pierre et refit le même processus. La pierre avait déjà quelque chose de magique, elle permettait au bâton d'encre de ne jamais diminuer. Alexandra n'aura besoin qu'un seul bâton pour le restant de sa vie. En plus, la pierre ne pouvait jamais cassé, du moins, pas sans magie.

« Regarde ce que je viens de faire. Ces symboles feront en sorte que ton encre deviendra une arme. Je te donne cette plume en or. Elle est unique au monde. Elle sert à rendre des objets magiques. Je te montrerai une liste de symboles qui te seront utiles. Maintenant que tu as tout ce qu'il te faut, il faut commencer par savoir comment faire de l'encre! Ah oui! J'oubliais! Il te manque un pot pour transporter ton encre. N'oublie pas qu'il faut toujours que tu la fasses à l'avance. Ce ne serait pas commode de faire ton encre au milieu d'un champ de bataille! »

Pour la troisième fois, le maître se leva, tout aussi péniblement et lentement que la première. Il retourna voir dans son coffre et offrit un petit pot à couvercle. Le pot était en porcelaine et fleurie d'une façon très asiatique. En plus, elle avait la parfaite forme de la paume d'Alexandra.

« Tu vois sur ta pierre ce symbole-ci? Écris le même avec ta plume d'or sur le pot. Ainsi, il ne se brisera jamais. Parfait. Maintenant, je vais te montrer un autre symbole qui fera en sorte que le pot retiendra toute la magie de l'encre sans se fendre et sans faire vieillir le sort de l'encre. Regarde. »

Le maître prit la plume et écrit le symbole en question. Il avait la forme de T et en plus d'un C. Il sourit à son apprentie et lui redonna le tout.

« Il ne reste plus qu'à apprendre comment faire de l'encre! Il suffit de prendre de l'eau et de moudre le bâton sur la pierre. L'encre se formera tranquillement et il faut ensuite la transférer dans ton pot. Mais attention, pour l'instant, ne touche pas l'encre. Tu n'es pas encore prête à utiliser cette arme. Elle risque de te couper. Maintenant, essaye de faire de l'encre. N'aie pas peur, je te guiderai. »

Et voilà comment Alexandra White commença pour la première fois à toucher à sa forme de spécialisation. Le maître devenait de plus en plus fière et de plus en plus passionné. Il devait admettre que même si son état d'inconscience lui manquait, il prenait un plaisir à enseigner à cette petite.

Dès qu'Alexandra avait prononcé son choix, son maître se leva pour chercher quelques matériels situés dans un coffre au-dessus de son lit, un coffre dont la joueuse n'avait jamais porté attention jusqu'à date. Ce que tenait Maître Wog était un rectangle épais et un autre plus mince, mais plus large. L'une était grise, l'autre noire comme du charbon. Cela intriguait Alexandra et lorsqu'on lui dit ce que c'était, tout devint plus claire.

Maître Wog expliqua à son apprentie que ces instruments serviraient à faire de l'encre de chine. Par contre, pour que cette encre contienne de la magie, il faut écrire des symboles à l'aide d'une plume d'or qui se trouvait elle aussi dans le coffre. Finalement, il ne suffirait qu'à mettre l'encre créée dans un petit pot capable de contenir la magie. Pour ceci, Alexandra écrivit pour la première fois avec la plume d'or, un symbole sur le pot afin d'atteindre ce but-là. C'était spécial, intriguant et nouveau pour la jeune femme. Elle exerçait de la magie en écrivant avec cette plume? C'était incroyable!

Pourtant, ce n'était pas fini. Le maître lui expliqua comment faire de l'encre. Par contre, Alexandra ne sera pas prête à la toucher, encore moins l'utiliser. Cela mit une certaine pression sur les épaules de la joueuse. Par contre, curieusement, elle se sentait calme. Était-ce grâce à la méditation qu'elle avait fait plus tôt?

- ...je te guiderai, termina Maître Wog avec une expression qui rassura Alexandra.
- D'accord, dit-elle en prenant le bâton de couleur charbon.

Et elle se mit au travail. Alexandra avait prit un verre d'eau et l'avait versé sur la pierre avec une délicatesse qu'elle avait lorsqu'elle peinturait. Elle prit le bâton d'encre et se mit à frotter tout doucement contre la pierre. En quête d'un regard d'approbation, la joueuse n'arrêtait pas de lancer des regards furtifs à son maître. Faisait-elle une erreur? Y allait-elle trop doucement, trop lentement? Y allait-elle trop fort, trop vite? Mais le maître ne la corrigeait pas. Peut-être l'avait-elle bien, au final?

Sans s'en rendre compte, puisque le temps passait si vite depuis le matin, elle avait terminé de faire son encre. Alexandra l'avait transférée avec une minutie exemplaire son encre dans le pot qu'elle referma aussitôt. Elle se leva pour laver son matériel et ses mains qui étaient recouvertes de liquide noir. Était-ce dangereux? Étrangement, ce ne l'était pas. Après, elle revint s'asseoir, fière de son travail, devant Maître Wog. Elle craignait par contre son verdict.

- C'est plus facile que l'on pouvait le croire! Et que dois-je faire maintenant pour être capable de l'utiliser? Je bouillonne d'envie de continuer à apprendre!

L'apprentie de Maître Wog était, à sa plus grande satisfaction, attentionnée dans tous ses gestes. Ensemble, le maître la guidant, ils réussissent à faire assez d'encre pour remplir le pot. Alexandra se leva pour se laver les mains et revint avec une expression qui démontrait la fièreté de sa réussite.

« C'est plus facile que l'on pouvait le croire! Et que dois-je faire maintenant pour être capable de l'utiliser? Je bouillonne d'envie de continuer à apprendre! » s'exclama-t-elle.

Étonnamment, cela fit chaud au coeur du maître. Il était sincèrement heureux de savoir que ce qu'il enseignait était apprécié. C'était une première.

« Pour la suite, ce n'est pas si compliqué. Je vais devoir inscrire un nouveau symbole sur tes paumes avec la plume d'or. Ces symboles ne referont surface que lorsque tu utiliseras ta magie. Ensuite, je vais te donner un parchemin avec la liste de symboles utiles. Tends-moi ta main. Cela ne fera pas mal, mais peut-être une sensation bizarre. »

Le maître appliqua habilement quelques insignes qui ne ressemblèrent pas du tout à des symboles chinois. Au contraire, on aurait dit autant des vignes, des fleurs, des lettres romaines... En fait, c'étaient des dessins de l'ancienne magie. La plupart des symboles dans le parchemin qu'il allait donner à Alexandra étaient de l'ancienne magie. Une fois le processus complété, Maître Wog chercha de nouveau dans son coffre et sortit le parchemin qu'il donna à son apprentie. Avant même qu'elle puisse tout lire, il l'invita à la suivre à l'extérieur.

« Nous allons maintenant pratiquer ta forme de combat. Trempes tes doigts dans ton pot, préférablement les l'index et le majeur pour commencer. C'est bien. Maintenant, positionne-toi devant cet arbre. Je veux, d'un geste rapide et violent, que tu traces un demi-cercle avec ton bras tendu. Ainsi, un filet d'encre aura la forme un peu courbé d'un boomerang. Si tu le fais assez fort, l'arbre devrait être tranché. Ensuite, explores ton encre de toutes les manières que tu le veux. Avec les symboles, elle ne te fera aucunement mal. Elle peut aussi te servir à bloquer des objets voulant t'attaquer. Avec tes doigts recouverts de cette substance noire, tu peux même avoir la force de bloquer un coup d'épée, mais cela te demande beaucoup d'entraînement. De plus, si cette épée ou les autres armes ont de la magie en eux, je ne garantis rien sur l'efficacité de la défensive. Alors, pratiques-toi, je reviens. »

Le maître avait retourné dans sa grotte pour en sortir avec un arc et des flèches. Ces instruments étaient vieux et peu inoffensif, par contre, ce serait parfait pour l'entraînement. Puisqu'Alexandra commençait déjà à comprendre le principe du lancement de l'encre, le maître cocha une flèche et s'apprêta à tirer.

« Maintenant, fais exactement ce que tu te pratiquais à faire, mais vise la flèche. »

Et la flèche vola en direction de son apprentie.

- Maintenant, fais exactement ce que tu te pratiquais à faire, mais vise la flèche.

Alexandra déglutit difficilement. Était-ce une blague? Déjà? Mais voilà que son maître n'attendit pas et tira une flèche en sa direction! Par réflexe, la joueuse fit le même geste avec son encre que précédemment, en souhaitant amèrement qu'elle bloque la flèche. Raté... La flèche se dirigeait droit sur elle! Alexandra se jeta au sol avec un petit cri et vit le projectile atterrir un peu plus loin avec soulagement. Elle se leva, essuya les saletés sur son pantalon et vit avec de grands yeux une autre flèche arriver droit sur elle. Maître Wog ne lui laissait donc pas le temps de reprendre ses esprits?

Alexandra se calma aussitôt. Elle trempa ses doigts dans son encre noire et, tout en ressentant une certaine brûlure à cause des signes en or sur ses mains, traça un arc vertical avec le plus de force possible. Son effort porta fruit! L'encre fit dévier la course du projectile. Heureuse, Alexandra sourit à son maître, mais déjà, il décocha une nouvelle flèche. Alors, cela voulait dire qu'elle n'avait pas tout à fait réussi encore...

Après plusieurs essais, Alexandra fut capable de couper la flèche en deux avec son encre. Ses ongles étaient noircis, sa main trempée. En plus, elle se rendait compte combien cet exercice était demandant! Soudain, une douche froide la fit saliver. Maître Wog arrêta l'exercice. C'était l'heure du dîner.

Quelques instants plus tard, la joueuse était déjà prête. Elle venait de faire un gros bond et elle ne voulait qu'avancer. Cette forme d'art, elle n'en avait jamais entendu parlé, encore moins imaginé! C'était si original, de lancer de l'encre de chine, tranchant lorsque lancé fort et brulant lorsque pas.

En mangeant, la jeune femme avait jeté un coup d'oeil sur le parchemin que lui avait son maître. Il y avait des symboles pour paralyser, faire succomber la terre, faiblir, aveugler, endormir, rendre quelque chose de magique, solidifier de la substances, guérir, etc. La liste n'était pas infinie, mais tout était utile et extraordinaire, d'après elle.

Le prochain exercice, ce serait justement de se servir de ces symboles et pratiquer. Alexandra se mit sur la terre ferme et écrivit quelques symboles. Le premier, à sa plus grande surprise, fit trembler un peu la terre, ensuite la craquer. C'était tout. Était-ce vraiment utile? Le deuxième, elle le fit sur une plante. Celle-ci, droite et imposante, s'écroula lentement jusqu'au sol. Mais la verdure et la vie y était toujours. Enfin, Alexandra ne s'attendait pas à pouvoir enlever une vie avec son encre, mais faiblir... elle aurait cru que c'était plus que cela. Ensuite, elle écrivit le symbole de guérison sur cette plante en question. Elle se remit debout, mais pas tout à fait aussi droit et aussi imposant qu'au départ...

Alexandra se laissa tomber sur le sol avec un soupir. Était-ce le fait qu'elle n'était pas assez bonne que tout fonctionnait qu'à moitié? Ou était le maximum que lui offrait cette magie?

- Maître, y a-t-il un moyen pour que ces symboles puissent faire des effets beaucoup plus puissants?

« Maître, y a-t-il un moyen pour que ces symboles puissent faire des effets beaucoup plus puissants? » demanda la petite.

« Patience! Pratique et expérience, voilà le secret, Alexandra, » répondit Maître Wog comme il se l'était si souvent fait répété.

Le reste de la journée se déroula aussi intensivement que le matin-même. Alexandra ne put se reposer que pour prendre de l'eau et s'éponger le visage. Mais elle apprenait vite. Déjà, elle fut capable de couper finement un arbre, le faisant tomber sur le côté à sa plus grande surprise. Pour sa part, le maître ne pouvait que sourire. Il l'aimait bien son élève. Et voilà qu'elle faisait de si grandes améliorations que leur temps ensemble s'écourtait rapidement. Si le maître n'avait plus rien à lui apprendre, il faudra qu'elle vole de ses propres ailes et s'améliore à force de combattre. Au cours de la soirée, Alexandra ne s'était non seulement améliorer son visé, mais également sa force. Il ne restait plus que la vitesse et la concentration. Cette dernière ne pouvait s'exercer vraiment qu'en terrain de combat.

Vint l'heure du souper. À table, Maître Wog raconta un peu de sa vie de jeunesse. Ensuite, il donna des conseils pour comment tenir la plume d'or, à quoi penser lorsqu'on écrivait un symbole, etc. Dès que la vaisselle fut lavée, ils se remirent à l'entraînement. Alexandra devait battre son record de temps, augmenter sa vitesse de tire. Le vieil homme décocha trois flèches en même temps, mais la futée réussi à les fendre en un seul coup. Au lieu de la gronder, le maître sourit. Il était fier d'elle. Tout de même, cela ne voulait pas dire qu'elle pourrait passer les exercices de vitesse!

Avant de se coucher, le maître et l'apprentie pratiquèrent les symboles. La petite avait considérablement améliorer ces sorts jetés. Par contre, la fatigue se lisait sur son visage. Il était l'heure de dormir. Maître Wog s'approcha d'elle et lui déposa paternellement un baiser sur son front. Il savait très bien que ce serait la dernière nuit qu'elle sera sous son toit.

Avec une tristesse surprenante, Maître Wog n'arrivait point à dormir sur sa paillasse. Il fit un tour dehors en humant l'air frais. L'automne commençait déjà. Le lendemain, la petite était déjà prête pour l'entraînement. Il la fit s’exercer un peu, question de vérifier qu'elle avait tout acquis ce qu'il lui avait enseigné. Après un moment, Maître Wog posa sa main sur l'épaule d'Alexandra, la forçant d'arrêter son entraînement.

« Petite Alexandra, te voilà déjà plus grande que lorsque tu étais venue. Tu sais tout, maintenant. Tu es arrivée vulnérable, te voilà forte et encore plus courageuse. C'est maintenant l'heure de se quitter. C'est fini. »

Dès qu'il prononça le mot fini, Maître Wog tomba dans la lune et se réveilla avec un gros sourire niais. L'instant d'après, il le remplaça par une moue exagérée et se mit à pleurer. Le sage Wog, le grand, le robuste, était parti. Alexandra pouvait maintenant accueillir l'enfant, l’innocent et le lunatique Wog. Et présentement, il pleurait dans les bras de son apprentie, ne voulant pas qu'elle parte. Mais elle le devait, pourtant.

Maître Wog, une vieille fleur dans sa main ridée, regarda Alexandra partir avec peine. Il la regarda partir dès qu'il ne pouvait plus la voir. Et dès que ce fut le cas, il oublia complètement ce qu'il s'était passé. Il alla cueillir des fleurs, attrista de voir un arbre coupé en deux et retourna dans sa grotte avec le plus grand des bonheurs simples. Soudain, il aperçut la peinture de fleurs sur les parois de pierre. Il eut un sourire nostalgique, mi-sage, mi-enfantin et revint à ses occupations. Alexandra White, il ne l'oublierait jamais. Elle était la seule apprentie qu'il avait tant appréciée. Et c'est pourquoi elle restera dans son coeur à tout jamais.

[NB : Il fallait en finir avec ce sujet! ^^ Tu peux me répondre si tu le veux, mais cela peut être fini ainsi aussi]