Dans ses premiers jours prisonnière de Game Over, Alexandra ne put s'empêcher d'aller visiter la seule chose qui lui importait : son pays natal. Elle avait réussi à faire du pouce sur les autoroutes de la France avec ses nombreux ronds points et ensuite de se faufiler sur un bateau de marchandises pour se rendre jusqu'en Angleterre. Autant avait-elle hâte, autant était-elle craintive. Elle redoutait l'effet de revoir ces paysages qui lui rappelaient tant le fait qu'elle ne reverrait peut-être plus jamais sa famille et ses amis. Alexandra se sentie soudainement seule en mettant les pieds dans la ville de Londres.

Il pleuvait et il faisait froid. La température reflétait ce que ressentait la joueuse. En passant devant l'Université, son coeur se serra. Elle aurait voulu simplement y entrer et suivre les cours qu'elle prenaient avant d'aller en Amérique. Avec un soupir, elle continua son chemin en regardant chaque coin de rue, chaque dalle de pierre avec nostalgie. C'était impressionnant comment on avait réussi à reproduire exactement le même paysage de la vraie ville de Londres. Par contre, il ne restait qu'à voir si l'ambiance, la mode, les habitudes de vie, la culture et les gens étaient aussi pareils.

Alexandra entra dans un café tout près de l'université. Elle y allait souvent pour travailler lors des journées de pluie, en particulier. Tous ces souvenirs ne faisaient que la rendre déprimée. Avec lassitude, elle s'assit sur une chaise et appuya ses coudes sur la table devant elle. Elle aurait tellement aimé se retrouver à l'extérieur de Game Over. Sa rage envers le Maître du Jeu ne faisait que croître. Elle avait si hâte de devenir plus forte pour enfin finir cette injustice.

Pour ajouter à son moment de désespoir, Alexandra se mit à observer les gens autour d'elle qu'elle avait habilement ignorés pour se concentrer sur son propre chagrin et nostalgie. Il y avait trois amies non loin qui riaient aux éclats en savourant un bon café. De l'autre côté se trouvait des gens qui travaillaient seuls sur leur ordinateurs portables. Au comptoir, il n'y avait qu'une seule personne. C'était un jeune homme d'environ son âge qui commandait avec son accent British. Comment pouvait-on se sentir autant chez soi et si loin en même temps? Tout en observant celui qui commandait, Alexandra fronça les sourcils. Elle avait l'impression de l'avoir déjà vu quelque part... On n'oubliait pas un aussi beau visage facilement. Pourtant, il ne devait qu'être qu'une création du Maître du Jeu, encore une fois.

Soudain, elle croisa son regard vert clair et rougit. C'était vraiment un beau gars et elle se trouvait ridicule d'être ainsi attirée envers qu'une création informatique. Il était grand avec la peau bronzée à force de passer du temps dehors et...

Brusquement, quelque chose d'anormale retint son attention. On entendait un son comme un énorme camion qui s'approchait. Les murs tremblaient, les verres tombaient au sol, les gens criaient. On savait ce qu'il se passait. C'était un tremblement de terre, et pas un petit à part de ça.